Préservons le repos dominical

Publié le par FO Pages Jaunes

 
 Extrait du  journal du Secrétariat général, du mois de décembre 2008
Depuis quelques semaines, la propagande en faveur de la déréglementation du travail du dimanche bat son plein.De sondages orientés en argumentaires idéologiques érigés en vérités, il devient difficile de connaître le sentiment réel des salariés français sur cette question qui touche aux fondamentaux de notre vie en société.
C'est pourquoi la Fédération des Employés et Cadres Force Ouvrière, regroupant une grande partie des salariés du secteur privé et notamment du commerce et des services, a commandé un sondage auprès de l'institut BVA.
Ce sondage élaboré selon les critères scientifiques classiques, a été réalisé auprès d'un
échantillon de salariés les 10 et 11 octobre, en pleine tempête médiatique sur le sujet.
Les résultats sont les suivants :
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81% des salariés français souhaitent maintenir le dimanche comme jour de repos
commun consacré à la vie personnelle, familiale ou associative ;
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68% ne sont pas d'accord pour travailler le dimanche ;
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72% n'iraient pas davantage dans les commerces s'ils étaient ouverts le dimanche ;
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51% des 27% de Français qui iraient davantage dans les commerces le dimanche ne
dépenseraient pas plus ;
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77% sont opposés à l'ouverture de l'ensemble des commerces le dimanche mais aussi
des services publics (crèches, postes, écoles, mairies...) car certains salariés risqueraient de travailler le dimanche sans véritablement le souhaiter.
Ce sondage démontre ainsi qu'une très large majorité de Français ne souhaite pas voir remise en cause la notion de repos dominical à la base de l'équilibre de la vie personnelle, familiale et associative. Il remet aussi « les pendules à l'heure » sur la question des dépenses supplémentaires que cela devrait engendrer, si l'on en croit les souhaits du Président de la République. Les salariés français interrogés répondent aussi sur la question du volontariat par un très large doute sur sa réalité.
La proposition de loi présentée au nom du gouvernement par le Député des Bouches du Rhône, Richard Mallié, prévoit un élargissement du travail du dimanche à l'ensemble des grandes agglomérations de plus d'un million d'habitants, soit une grande partie du territoire français.
Cela mérite, pour le moins, un large débat sur un sujet qui touche à l'organisation même de la société française.
Doit-on accepter de supprimer toute pause dans l'activité permettant de se retrouver en famille, entre amis, et de faire vivre les associations sportives notamment ?
Doit-on faciliter ainsi le développement de la grande distribution au détriment du petit
commerce et de l'artisanat, car chacun sait que le gros « bouffe » toujours le petit ?
Doit-on ainsi risquer d'accroître le chômage, car quand un emploi est créé dans la grande distribution, ce sont entre deux et trois emplois supprimés dans le petit commerce ?
Doit-on ainsi entraver la politique de redynamisation des centres villes facilitée par
l'implantation et le développement du petit commerce ?
Doit-on ainsi aggraver la déstructuration des zones rurales et péri urbaines ?
Doit-on ainsi, en favorisant le tout activité, risquer d'aggraver les risques psychosociaux?
Doit-on prendre le risque de supprimer les avantages en salaire et en temps de travail de ceux qui travaillent le dimanche aujourd'hui en banalisant cette journée et en faisant une journée comme une autre ?
Enfin, il faut noter que tout cela se discute sans aucune négociation, alors que la notion même de « zones touristiques » ainsi que le type de commerces autorisés aujourd'hui légalement à ouvrir le dimanche, méritent une réelle négociation au plan national.
Il faut aussi préciser que dans de nombreuses régions, les partenaires sociaux, syndicats de salariés et patronat locaux, négocient des accords destinés à limiter et à encadrer le travail du dimanche, afin de préserver ce jour comme jour de repos commun, mais aussi pour éviter la concurrence déloyale.
Alors, Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, respectez le dialogue social ayant abouti à ces accords plus favorables que votre proposition de loi va remettre en cause, et préservons le repos dominical ainsi que la législation actuelle qui prévoit déjà de nombreuses dérogations.
 
Serge LEGAGNOA
Secrétaire général
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